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évasions sportives

11 décembre 2015

deux kayaks sur la Chère

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Un jour d'hiver en discussion en famille, nous projetons de nous évader quelques jours dès les premiers beaux jours. Amoureux, entre autres, tous les trois du kayak et du canoë, plus particulièrement en rivière, et habitués aux périples familiaux, (ayant participés à des grands rassemblements où chacun n’est souvent, dans son embarcation, qu’un point sur l’eau), nous avons souhaité consacrer quelques jours à notre passion commune, au plus proche de la nature, en totale autonomie.

 Le choix d’une petite rivière considérée par nous comme a priori navigable (source Google Earth, vue et interprétée par nos soins) s’est imposé à nous.  Vivant les uns en Loire Atlantique et  moi, en Ille et Vilaine, Cathy, notre cartographe en chef et fille spirituelle du GPS, nous a déniché la Chère, rivière commune aux deux départements qui prend sa source à Soudan (44), passe par Châteaubriant, et coure sur 65,100 kms jusqu’à Ste Anne sur Vilaine (35), traversant ainsi 10 communes. Nous prévoyons de partir de Châteaubriant afin de gagner un peu de temps et d’avoir un point de départ intéressant et pratique.

Trajets voiture :   Nantes-Beslé : 72 kms

                            Rennes-Beslé : 55 kms

                            Châteaubriant-Beslé : 43 kms

Nous décidons de naviguer pendant trois jours, les 22, 23 et 24 mai sur le week-end de Pentecôte 2015.

L’épopée sauvage 

Nous nous retrouvons la veille au soir lors d’un premier bivouac qui servira de point d’arrivée à la fin de notre périple : le camping de Beslé que borde la Vilaine.

On relit le parcours et le lendemain matin, le briefing logistique s’impose : une fois qu’on sera parti, impossible de se ravitailler et de parer les oublis !!! Il faut donc penser à tout, notamment à mettre la quasi-totalité des affaires à l’abri de l’humidité, ensuite viendra l’heure décisive de trouver une place pour chaque chose. Si pour ma part, j’ai pu m’affranchir de cette difficulté à la maison, pour les deux tourtereaux du 44, c’est moins simple. Moins équipés en sacs étanches, kayak moins logeable, ils

parviendront toutefois, à tout faire rentrer, et plus encore…

Nous prenons donc la direction de Châteaubriant en ce samedi matin…pluvieux.

 La route nous fait passer d’une rive à l’autre. Aux différents ponts, c’est l’occasion de se rendre compte de l’état de la rivière : encombrée et par endroits très peu profonde. C’est le premier coup de massue. Nous dressons vite fait un bilan des outils en notre possession : zéro... Nous optons donc pour l’achat d’un sécateur et d’une petite scie à main dans le premier magasin de bricolage que nous trouvons en entrant dans Châteaubriant. Une très riche idée !!!!!! Avoir des gants en sera une autre…

A Châteaubriant, deuxième déconvenue : peu après le point de départ que nous avions envisagé, la Chère passe dans une usine, et n’est pas accessible pratiquement sur toute la ville. Il nous faut renoncer et pousser encore plus en aval avec la voiture.

C’est donc au hasard d’un lieu-dit, au bout d’un chemin aménagé, que nous retrouvons la Chère. Nous décidons que le point de départ sera là. Il est déjà 11h. Nous avons perdu beaucoup de temps.IMG_6522

 

 

 

 

 

 

 

Très vite les premières difficultés se présentent. Il nous faut d’une part sortir régulièrement du kayak et continuer à pied car le niveau d’eau est faible et, de plus, nos kayaks sont bien chargés et touchent le fond. D’autre part affronter la « jungle » de la Chère : branchages, troncs d’arbre, amas en tout genre qui nous empêchent de progresser. Nos outils de dernière minute se révèleront des atouts précieux.

Mais le temps avance et le compteur a du mal à s’envoler.

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Nous avançons peu malgré la maniabilité de nos embarcations. Le moral en prend un coup vers 14h quand nous décidons de nous poser pour un pique-nique qui tournera à une maigre collation : le moral influence toujours l’appétit. Et malgré les efforts déployés et l’énergie dépensée, ça a du mal à passer. Sur l’herbe grasse du champ qui nous accueille pour cette pause, le silence est pesant. L’heure est à la réflexion… Le verdict tombe, sans qu’on en débatte vraiment : on avance coûte que coûte. Nous sommes là pour trois jours ; on fera les comptes à la fin du périple et improviserons un départ avant le final si c’est de circonstance…

Nous rechargeons les kayaks et reprenons la Chère. Ça  tombe bien le soleil s’invite pour l’après-midi et nous redonne du baume au cœur… 

Au fil de notre expédition, car c’est désormais comme cela que nous la vivrons, nous gagnons en hardiesse et en intrépidité. Nos muscles s’activent. Les gestes timides du début laissent place à l’assurance et nous rivalisons d’ingéniosité pour repérer au cœur de cette « jungle » les passages les plus faciles, ceux qui nécessitent le moins de manœuvres et nous permettent de reprendre plus vite le fil de l’eau et ses méandres. Les kayaks sont très malmenés. Nous laissons du plastique à différents endroits quand il faut les tirer toujours plus fort par-dessus un tronc ou les faire glisser sur on ne sait trop quoi. Mais ils se révèleront plutôt maniables et solides.

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La nuit tombe. Nous repérons un champ proche d’une berge accessible. Nous y installons un bivouac pour la nuit. Rassurés par le rythme efficace de l’après-midi et réchauffés par le soleil généreux, c’est le sourire aux lèvres et des images plein la tête que nous montons le camp et nous préparons un repas de Rois. Tof, trempé par un petit dessalage d’accostage aura mérité une bonne toilette à l’eau froide et un déballage total des affaires.

 

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 Le lendemain, nous évitons le pire. Alors que nous allions prendre un petit affluent de cette rivière, le prenant pour celle-ci, Tof s’étonne du sens du courant. Cathy sort le GPS. On stoppe tout et on prend de l’autre côté, direction l’étang de la Hunaudière.

 

IMG_6567l’etang de la hunaudiere

S’en suivront, au fil des deux journées qu’il nous reste, des séries d’écueils à surmonter : portages à répétitions, passages de pseudo toboggans et autres déversoirs, toujours un peu plus périlleux à chaque fois,  passage dans une buse où j’ai failli restée coincée. Malgré la tête recourbée pour ne pas toucher la paroi supérieure, mon gilet trop encombrant au niveau des épaules m’a fait stopper net dans la buse. Cathy et Tof, heureusement passés avant, ont dû faire marche arrière pour me tirer … La solidarité, l’esprit d’équipe opèrent. Aventuriers de la Chère, rien ne nous arrête !!!

De ce fait, nous croisons un peu plus de monde (mais jamais sur l’eau). Sans qu’on nous le dise, le regard stupéfait des riverains est éloquent. C’est certain, ils nous prennent pour des extraterrestres !!! 

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le retour sur l'eau apres le franchissement de tronc

Le temps défile, les kilomètres aussi, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Enfin, on voit se profiler une arrivée en fanfare, en tout cas dans un timing rassurant.

Le bivouac du soir est encore un moment agréable, et réparateur. La fraicheur du petit matin ne vient pas perturber le sommeil des Warriors que nous sommes, endoloris pourtant après deux journées passer à « ranger » la rivière.

Le dernier jour se lève. Agréable… L’humeur est au beau fixe, tout comme la météo. Derniers passages rock’n roll (et plutôt funs après coup) dernières branches sciées et feuillages arrachés… Soudain, une route coupe la rivière, nous voilà posés sur le bitume (voir photo n°1). Situation cocasse qui vient nous redire l’extravagance de notre périple…

A partir de quand doit-on considérer une rivière comme étant navigable ? Les moulins à eau plantés au bord de la Chère coupent notre élan. Culs de sac !!! Nous prenons le temps d’observer les berges et les obstacles et utilisant notre matière avant d’envisager de jouer les gros bras, nous mettons au point une stratégie de portage, ou de glissade, selon que se présente à nous un déversoir franchissable ou un toboggan. A défaut, ce sera une taille à pic dans les arbustes et autres ronces plantés  sur la berge : les élagueurs de l’extrême !! 

 

IMG_6617Le moulin de MOUAIS

Puis, tout à coup, la rivière s’élargit. L’étendue au loin attire notre regard. De part et d’autre alors que nous avançons, nous apercevons des voitures, des maisons, des barques… La  Vilaine ! Déjà… Il est beaucoup plus tôt que nous le pensions et nous l’avons déjà rejoint. On s’arrête pour le pique-nique du midi que nous prendrons le temps de savourer. Derniers coups de pagaies avant l’arrivée au camping. La navigation est beaucoup moins sympa. Décidément les autoroutes fluviales, ce n’est pas notre tasse de thé. Ça manque de piment et d’adversité.  Nous avons parcouru 51 kms sur les 65 annoncés mais environ 60 étaient prévus.

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L’arrivée sur la Vilaine

 Valeureux aventuriers que nous sommes désormais, c’est avec le plus profond respect qui s’impose pour cette nature à l’état sauvage que nous aimons nous donner.

 Il faut la lire, la comprendre, l’apprivoiser.  Sans quoi on ne peut la gagner… Elle nous fait grandir et nous oblige à l’humilité ; elle nous pousse dans nos retranchements et nous laisse un petit goût de « reviens-y » qui, une fois le périple terminé, nous fait rêver à d’autres exploits…, la soif d’Aventure !! 

J’ai beaucoup voyagé et ai parcouru beaucoup de kilomètres, à pied, à vélo, sur l’eau, souvent seule. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas entrepris ce genre de périple. Aujourd’hui, je suis fière  de notre exploit. « Tout seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin » dit un proverbe africain. Une fois encore, il se vérifie.  Et quand en plus on partage cet exploit avec des membres de sa famille, c’est encore plus fort et plus riche. Cette fierté que nous dégageons, a dépassé notre trio : nos enfants, mon mari, nos parents, nos amis, la partage aussi. C’est autant de reconnaissance qui  donne du carburant à notre quotidien. Et ça n’a pas de prix.

En parlant de prix : s’il fallait qu’on estime le budget pour cette petite aventure à deux pas de chez nous, il s’élèverait à :

  • Environ 150 et 190 kms de gaz oil pour chacun des véhicules selon qu’on vienne de Nantes ou de Rennes,
  • un emplacement en camping à 13€,
  • des vivres de courses et de quoi se préparer trois pique-niques et trois repas chaud,
  • un peu de combustible pour le réchaud,
  • une scie à main à 16€, un sécateur à 10€.
  • Pour le reste c’est notre propre matériel qui nous sert régulièrement et qui est pour une large part déjà bien amorti !!
  • Ah si j’oubliais, un flacon de bétadine chacun pour la douche du retour, histoire de se désinfecter et permettre la cicatrisation plus rapide de toutes les égratignures et autres écorchures qui sont venus, au fil des jours, marquer le cuir de notre peau laissée à découvert.

L’intérêt d’un tel projet, c’est qu’il ne nécessite pas une logistique et une organisation très poussée. Pas d’avion ou de mode de transport coûteux, pas de réservation à anticiper, de soucis de poids de bagages, de passeport, de visa, de vaccins…c’est à la porte de chacun, le temps d’un week-end simple ou long, à l’heure où les jours rallongent et le soleil commence à chauffer. Qu’on se le dise, de temps en temps, ça fait du bien de redécouvrir son environnement naturel proche.

On peut donc dire, malgré le nom que porte cette rivière, que c’est une aventure qui ne nous a pas coûté cher !!! … mais qui restera « chère » à notre cœur. 

 

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